Avant Comanche, Hermann avait déjà tâté du western. Il ne s’agissait pas de bande dessinée mais de romans prépubliés dans le Journal Tintin et écrits par Pierre Pelot. C’est ainsi que de 1968 à 1971, Hermann illustra trois romans de Dylan Stark : Deux hommes sont venus, L’homme des monts déchirés et L’erreur.
Pierre Pelot
Né le 23 novembre 1943 à Saint-Maurice-sur-Moselle (Vosges), Pierre Pelot, né Pierre Grosdemange, est un écrivain prolifique qui possède un champ très large d’investigation. Il a écrit des romans de science-fiction, des contes pour enfants, des polars, des romans fantastiques, des romans “préhistoriques” (et préfacés par Yves Coppens) et bien sûr des westerns dont, entre autres, Dylan Stark.
Bien que s’adressant à un jeune public, Pierre Pelot se démarque en adoptant un style plus sombre, plus désenchanté. Ses récits se terminent souvent mal et ses héros sont plutôt du genre antihéros, portés toutefois par des sentiments positifs. Il n’hésite pas non plus à prendre parti pour les exclus du système et contre toute forme de répression.
En 1980, il écrit L’été en pente douce, paru confidentiellement chez un petit éditeur, Kesselring, qui sera porté au cinéma par Gérard Krawczyk, avec Jean-Pierre Bacri, Jacques Villeret et Pauline Lafont en 1987.
En 2002, il scénarise aux éditions Dupuis la série H.A.N.D., avec le dessinateur Emmanuel Vegliona. Il exorcise ainsi un vieux démon qui remonte à l’époque où Hermann illustrait Dylan Stark dans les pages du Journal Tintin. Pelot avait transmis une lettre à Greg, alors rédacteur en chef du magazine, afin de proposer à Hermann de lancer une série western en bande dessinée. Il en avait écrit les premières pages du scénario et souhaitait les lui soumettre. Mais Greg, craignant de voir son poulain lui filer sous le nez, coupa l’herbe sous les pieds de Pelot et proposa Comanche à Hermann qui, naïvement, accepta.
Ce fut bien des années plus tard qu’ayant enfin pris conscience du mauvais tour que lui avait joué Greg, Hermann téléphona à Pierre Pelot pour s’excuser d’avoir été à ce point crédule. Malheureusement pour Pelot, il était trop tard, bien trop tard. Le mal était fait.
Dylan Stark
“Dylan Stark est un jeune loup, révolté pour un oui ou pour un non, un idéaliste, un amoureux fou de la justice. Dylan Stark, c’est un grand défi à la face de l’aventure.” (Editions Marabout)
Dylan Stark est un métis, un “sang-mêlé”, d’origine Cherokee d’une part et française d’autre part, dont les aventures débutent en 1864 au cœur de la Géorgie.
Plongé en pleine guerre de Sécession malgré lui, il se révolte et menacé d’être exécuté, il se voit contraint d’accepter, avec trois compagnons d’infortune, une mission suicide.
Après la guerre, de retour au pays, il ne trouve que ruines. Son frère et ses parents ont été assassinés. Il n’a dès lors plus qu’une idée en tête : la vengeance. Mais sur la route qui mène à elle, au hasard des rencontres, il croise la route d’autres persécutés, d’autres compagnons de misère pour lesquels il prend aussitôt fait et cause. Ainsi, chaque fois, sa vengeance est remisée le temps que triomphe la justice et qu’il puisse repartir avec le sentiment du devoir accompli.
“Quand je pense à l’Ouest, quand me viennent aux yeux des images de roches et d’arbres, quand me coule aux oreilles la chanson des cours d’eaux, alors je vois un homme. Cet homme-là, c’est l’Ouest.
Je ne le décrirai pas. Je ne dirai pas non plus : il était courageux, c’était un héros, etc… Car j’ai en horreur ce terme idiot. Car aussi on n’est pas courageux. Le courage, je crois, est une chose qui va et vient au hasard des situations ; à certains moments il est là, à d’autres c’est la peur.
L’homme dont je parle eut peur, et il lui arriva d’être également courageux.
Je vais donc raconter cette vie d’homme. Évidemment, il y a énormément de choses à dire à propos de cet homme durant le temps qu’il fut debout. Puis, un jour, il est mort.
Il est mort, et l’Ouest avait agonisé doucement, un peu avant. Mais ce n’est pas une chose triste. Je vais raconter la vie de cet homme parce que je la trouve belle, et grande, parce qu’elle ne suivit pas la piste commune.
Cet homme avait pour nom Dylan Stark. Il est toujours mon ami.” (Pierre Pelot)
Il y eut en tout 22 romans de Dylan Stark dont trois furent illustrés par Hermann pour le Journal Tintin. Il signa également les quatrième de couverture de quatre autres romans de Pierre Pelot : La Longue chasse, La Tourmente, Les Croix de feu et La Nuit du diable.
A noter que des trois romans illustrés par Hermann, seul Deux hommes sont venus ont été publiés chez Marabout dans une première édition avec des illustrations de Pierre Joubert et ensuite chez Casterman, avec des illustrations signées Blanc-Dumont. Les deux autres romans ont été publiés aux Editions de l’Hydre dans une édition de très basse qualité et avec une illustration de couverture non créditée.
Galerie
Lire intégralement Deux hommes sont venus, avec les illustrations d’Hermann telles qu’elles ont été publiées dans le Journal Tintin (n°1010 à 1022, 1968).
Lire les quatre premiers chapitres de L’erreur, avec les illustrations d’Hermann telles qu’elles ont été publiées dans le Journal Tintin (n° 1173 à 1176, 1971).