Aymar de Bois-Maury
Dépossédé de ses terres, il se donne comme raison d’être de les reconquérir. A l’inverse de nombreuses aventures se déroulant au moyen Age, il est un chevalier démuni qui, dans l’espoir de reconquérir son Graal, à savoir les Tours de son château, comprend qu’en ce bas monde, si la lune est pour tous visible, seuls ceux qui ont la fortune peuvent la décrocher. Il devient ainsi mercenaire, lui le chevalier errant sur les routes de France et de Navarre, et rencontre Germain et ses complices, et bien d’autres compagnons.
Dans Alda, Aymar est sauvé par Germain, alors qu’il était prisonnier dans le fort d’Yvon de Portel. Germain libère Aymar pour avoir agi en sa faveur dans Babette.
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Alors que le pape Urbain II déclenche une nouvelle croisade, Aymar y voit surtout un moyen de se refaire une santé financière. Comme beaucoup de chevaliers, ce n’était pas uniquement pour défendre la cause chrétienne qu’ils partaient « délivrer » Jérusalem, mais dans l’espoir de s’enrichir. Pour preuve, Aymar y trouve un butin qui lui permet de financer son armée. Il met dès lors fin à sa participation à la croisade et retourne vers ses terres. Car ce sont les Tours de Bois Maury qui sont sa Terre Sainte. Avec l’argent récolté, il épouse la fille d’Hendrik, qui lui donnera l’enfant qui devra assurer sa descendance et la pérennité de la lignée des Bois-Maury.
Aymar est une personne qui s’est fixée un but, une raison de vivre. Il découvre ses forces que sont son courage, son opiniâtreté et son intelligence mais aussi ses faiblesses que sont son autoritarisme et ses emportements. Il doit se rendre à l‘évidence qu’il n’est qu’un chevalier sans terre et c’est ce constat qui lui donne la force de poursuivre ce qui demeure jusqu’à la fin de son voyage sa quête ultime.
Olivier
C’est l’écuyer, le compagnon d’Aymar et également son souffre-douleur. Même s’il le traite avec respect, il n’est jamais que son écuyer, son subalterne, lié à lui par le devoir de le servir. Olivier accompagne Aymar durant son errance, sans jamais le trahir. Même injustement rejeté, il continue à servir son Maître, envers et contre tout, sans espoir de récompense ni de reconnaissance. Si la conquête des Tours de Bois-Maury est la raison de vivre d’Aymar, servir son chevalier est celle d’Olivier. Quelles que soient leurs intentions l’un à l’égard de l’autre, leurs relations seront toujours soumises aux règles de l’apparence : un chevalier ne doit pas s’abaisser à se lier d’amitié avec un homme de classe inférieure, au risque d’être la risée des autres chevaliers. Ainsi, Aymar ne peut traiter Olivier autrement devant ses amis chevaliers qu’en le renvoyant à sa condition d’écuyer.
Dans cette optique, l’épisode qui conclut la série, Olivier (notons le choix délibéré du titre) est superbe et déchirant à la fois : rejeté par Aymar et malgré la profonde douleur morale qui le ronge, il continue dans l’ombre à le servir. On n’ose imaginer quelle vie attend l’humble et dévoué serviteur une fois son maître mort.
La plupart des autres personnages n’apparaissent que le temps d’un album. A l’exception notable de Germain, fil rouge des premiers tomes de la série et qu’on retrouve également dans celui qui la clôt.
Germain
Jeune tailleur de pierres, Germain s’éprend d’une fille de paysan, Babette. D’un autre milieu que la donzelle, leur mariage ne semble pas être accepté par les parents de celle-ci. Mais c’est surtout le fait qu’elle est abusée par un chevalier sans scrupule qui rend le jeune tailleur fou de rage. Une fois sa vengeance accomplie, Germain est arrêté et soumis au jugement de Dieu. Assistant à la scène, Aymar de Bois-Maury prend sa défense et exige sa libération. Ce qui lui est finalement accordé mais Germain a perdu l’usage de sa main ; quant à Babette, elle est exécutée par sa propre famille : la loi des hommes ne vaut pas plus que celle de Dieu. Handicapé par la perte de sa main, Germain ne vaut plus rien comme tailleur de pierres. Sur sa route, il rencontre la Pie et Alda, et doit désormais s’adonner au vol pour pouvoir survivre.
Pourtant, plus tard, c’est lui qui permettra à Aymar de s’échapper du château d’Yvon de Portel qu’une bande de voleurs exploite et pille sans vergogne, le transformant en piège mortel pour les voyageurs de passage. Il n’hésitera pas à trahir ses anciens compagnons de rapine pour à son tour sauver Aymar qui lui était jadis venu en aide.
Cette vie de voleur, on s’en doute, ne lui est pas profitable car il est arrêté et pendu. Les puissants, qu’ils soient civils ou religieux, n’ont que faire des indignations et des révoltes des petits : ils sont les garants de la morale chrétienne et détiennent les clés du Paradis, même s’il faut déformer la parole christique pour s’y réserver une place. Germain apprend à ses dépens que la Justice ne répond pas de l’équité mais de l’étiquette.
Alda
Elle est un des membres d’une bande de voleurs qui se font passer pour des saltimbanques. C’est elle qui initie Germain au vol. Mais la petite bande éclate après la mort de la Pie. Germain accuse indirectement la jeune femme de sa mort. Pourtant, elle demeurera toujours amoureuse de Germain. Elle incarne la femme libre et fière qui est aussi une figure de l’imaginaire médiéval.
On la retrouve plus tard tenancière d’une auberge. Ce qui est assez inhabituel pour l’époque.
Les chevaliers Reinhardt, William et Hendrik
Ils offrent une sorte de contrepoint à Aymar. Ils représentent chacun un type de chevalier, un type d’homme aussi, qui se révèlent tous sous une lumière crue. Car Hermann prête décidément peu de foi à l’homme, surtout lorsque celui-ci possède un pouvoir sur autrui : bourru, violent, guerroyeur, tonitruant et ingrat pour Reinhardt ; voleur, parjure et faible pour William ; grossier, pingre et offensant pour Hendrik. Si Reinhardt apparaît dès le quatrième tome éponyme, tous se retrouvent flanqués d’Aymar dans les quatre derniers volumes de la série (du départ en croisade au retour en France, aux portes du château de Bois-Maury), davantage alliés de circonstances que de cœur. Le Batave Hendrik finit d’ailleurs par accepter qu’Aymar épouse sa fille, lui qui l’estimait trop vieux, trop pauvre surtout, pour une telle union. Car, entre-temps, Aymar a fait fortune et le gendre honni devient soudain respectable. Une lumière crue, disions-nous…
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