Un extrait du fanzine Sapristi n°30 consacré à Greg (printemps 95) donne quelques informations brèves sur les débuts de Hermann (Lequel pose une question, particulière à Greg)
Et la monographie Michel Greg dialogue sans bulles de Benoît Mouchard a également quelques infos sur les débuts du marcassin.
Là nous voyons que Greg a été vache ( 😆 ) avec Hermann en l’obligeant à dessiner tout ce que ce dernier avait en horreur : des voitures de luxe, des gens en smoking avec Valéry Valériane (Déjà ce nom 😎 ).
Greg explique que "nous avons placé quelques histoires complètes du genre Oncle Paul à Spirou". Je vois que les scénarios sont de divers auteurs, je pense que Greg a corrigé les dessins de Hermann.
Je reprend cette page où il y a une case de Valéry Valériane, cette case est reprises à de nombreuses reprises dans des monographies.
Un extrait du fanzine Sapristi n°30 consacré à Greg (printemps 95) donne quelques informations brèves sur les débuts de Hermann (Lequel pose une question, particulière à Greg)
Greg ne semblait pas apprécier le passage au Rotring du Sanglier ("son dessin tout fin").
En revanche, ce qu'il dit sur la personne est très admiratif.
Greg ne semblait pas apprécier le passage au Rotring du Sanglier ("son dessin tout fin").
En revanche, ce qu'il dit sur la personne est très admiratif.
Ca a désarçonné pas mal de monde à l'époque, ce trait clinique réalisé avec un outil réservé au dessin industriel. La plupart des lecteurs étaient habitués à son trait enlevé, quasi baroque, pas à quelque chose d'aussi dépouillé. Mais, par chance, ce changement de style a coïncidé avec l'arrivée de Fraymond : la flamboyance de la couleur remplaçait désormais celle du trait. Nombreux sont ceux qui en sont encore nostalgiques aujourd'hui. J'en fais partie, pour l'aspect couleur essentiellement. Sur le dessin au trait, je préfère l'époque qui l'a précédée, le pinceau classique, puis celle qui l'a suivie, l'ArtPen*.
Le sanglier lui-même je pense, avec le recul, estime que le Rotring ne fut sans doute pas le meilleur des choix. Mais bien entendu, ça reste une affaire de gout...
* Alors que la période Rotring correspond à ma période préférée dans Jeremiah.
Greg ne semblait pas apprécier le passage au Rotring du Sanglier ("son dessin tout fin").
En revanche, ce qu'il dit sur la personne est très admiratif.
Ca a désarçonné pas mal de monde à l'époque, ce trait clinique réalisé avec un outil réservé au dessin industriel. La plupart des lecteurs étaient habitués à son trait enlevé, quasi baroque, pas à quelque chose d'aussi dépouillé. Mais, par chance, ce changement de style a coïncidé avec l'arrivée de Fraymond : la flamboyance de la couleur remplaçait désormais celle du trait. Nombreux sont ceux qui en sont encore nostalgiques aujourd'hui. J'en fais partie, pour l'aspect couleur essentiellement. Sur le dessin au trait, je préfère l'époque qui l'a précédée, le pinceau classique, puis celle qui l'a suivie, l'ArtPen*.
Le sanglier lui-même je pense, avec le recul, estime que le Rotring ne fut sans doute pas le meilleur des choix. Mais bien entendu, ça reste une affaire de gout...
* Alors que la période Rotring correspond à ma période préférée dans Jeremiah.
Le Rotring demeure ma période préférée.
Certainement que l'arrivée de Fraymond a la couleur a contribué à la magnifier encore davantage, et la rencontre des ces deux là arrive pile au bon moment.
Il avait tout de même commencé à dépouiller son trait avant cela, même au pinceau. Si je regarde le Comanche qui précède, Le Doigt du Diable, c'est déjà plus fin comme trait. Le Rotring apparaît, avec le recul, comme une étape logique et nécessaire.
Il avait tout de même commencé à dépouiller son trait avant cela, même au pinceau. Si je regarde le Comanche qui précède, Le Doigt du Diable, c'est déjà plus fin comme trait. Le Rotring apparaît, avec le recul, comme une étape logique et nécessaire.
Très clairement. Il cherchait à se défaire du classicisme à la Jijé dont il avait un peu fait le tour pour développer un style plus personnel. Le Rotring est en effet arrivé à point nommé.
Ça ne concernait pas que le dessin d'ailleurs, à l'époque la bande dessinée évoluait vers quelque chose de plus adulte, avec métal hurlant entre autre, et Hermann commençait également à se sentir à l'étroit dans les scénarios de Greg.
D'où les fameux "anachronismes" dans Le corps d'Algernon Brown*.
* Visibles en suivant ce lien : https://hermannhuppen.be/presentation-comanche/ (descendre aux 2/3 de la page).
🤣🤣C'était un peu sur tes conseils si j'ai bon souvenir
N'empêche, on pourra constater que cette évolution s'est faite sans heurts, avec une certaine logique, contrairement à Giraud qui devient Moebius par exemple, où là il s'agit bien de deux visions très différentes (Blueberry très classique et Azarch ou l'Incal ou plein d'autres ).
Jeremiah est certes violent, je n'imagine pas Greg faire cela, mais s'inscrit dans un registre classique. Les Tours de Bois Maury, je trouve ça encore plus violent, très cruel (le type qui se fait égorger dans Heloise de Montgris, ça m'avait choqué en le lisant dans Vécu, je m'en souviens encore), mais Hermann s'adapte toujours à un format classique d'album de BD, il fait sa petite révolution en douceur.
Pourtant, a y regarder de près, ces incessants changements de techniques sont assez audacieux. Le passage à la couleur directe, moi j'ai eu du mal au départ, et que ça se produise sur un album comme Sarajevo Tango, assez rentre dedans, très révélateur.
🤣🤣C'était un peu sur tes conseils si j'ai bon souvenir
J'avoue ne pas en avoir de souvenirs très précis mais il me semble que je l'ai en effet encouragé à commettre cet "outrage". Je ne me rappelle en revanche pas qui de nous deux a eu l'idée des anachronismes. Sans doute lui, mais je ne le jurerais pas.
N'empêche, on pourra constater que cette évolution s'est faite sans heurts, avec une certaine logique, contrairement à Giraud qui devient Moebius par exemple, où là il s'agit bien de deux visions très différentes (Blueberry très classique et Azarch ou l'Incal ou plein d'autres ).
Jeremiah est certes violent, je n'imagine pas Greg faire cela, mais s'inscrit dans un registre classique. Les Tours de Bois Maury, je trouve ça encore plus violent, très cruel (le type qui se fait égorger dans Heloise de Montgris, ça m'avait choqué en le lisant dans Vécu, je m'en souviens encore), mais Hermann s'adapte toujours à un format classique d'album de BD, il fait sa petite révolution en douceur.
Pourtant, a y regarder de près, ces incessants changements de techniques sont assez audacieux. Le passage à la couleur directe, moi j'ai eu du mal au départ, et que ça se produise sur un album comme Sarajevo Tango, assez rentre dedans, très révélateur.
Le sanglier n'est pas un révolutionnaire dans l'âme ; l'évolution plutôt que la révolution. Il est assez symptomatique que les diverses étapes de cette évolution ont été marquées par un changement d'outil (et autant de coups de cœur pour ces outils) : comme s'il arrivait chaque fois à la fin d'un cycle et que le renouvellement devait se faire via une transition technologique. Et cette évolution s'inscrit dans une conception classique de la BD ; certes, sa narration et son découpage ont mûri mais sa vision de la BD est restée classique.
Je crois qu'il faut attribuer cela à son approche instinctive, organique, de son métier : c'est le ressenti qui prime, pas l'intellect. Tout est centré sur le rapport charnel avec le papier (d'où l'importance de l'outil dans le processus évolutif). A l'opposé d'un Gir ou d'un Boucq qui sont bien plus cérébraux et qui vont jusqu'à conceptualiser leur approche du métier.
Tout est centré sur le rapport charnel avec le papier (d'où l'importance de l'outil dans le processus évolutif). A l'opposé d'un Gir ou d'un Boucq qui sont bien plus cérébraux et qui vont jusqu'à conceptualiser leur approche du métier.
Sais-tu, Yves, s'il dessinait sur Schoeller Parole, dont la disparition a traumatisé nombre d'auteurs ?
Quant au Rotring, il me semble que ce qui était impressionnant, c'est qu'avec ce trait à épaisseur unique, un peu "ligne claire", plus d'un s'y serait cassé la gueule en devant renoncer à ce qui enrichit ordinairement le trait, à savoir les "matières" ; là, pas de tricherie possible, ça tient debout (enfin, couché) ou pas, et ceux qui ont découvert "Les Sheriffs" dans Tintin n'ont sûrement pas oublié le choc que ça leur a procuré... 😍
Tout est centré sur le rapport charnel avec le papier (d'où l'importance de l'outil dans le processus évolutif). A l'opposé d'un Gir ou d'un Boucq qui sont bien plus cérébraux et qui vont jusqu'à conceptualiser leur approche du métier.
Sais-tu, Yves, s'il dessinait sur Schoeller Parole, dont la disparition a traumatisé nombre d'auteurs ?
Oui. Et la disparition du Schoeller a en effet été très mal vécue par tous ses utilisateurs. Pour info, le Schoeller Parole était un papier de qualité exceptionnelle. Son concepteur qui en détenait le secret de fabrication n'a jamais voulu le transmettre (un brin parano, la gaillard) et l'a emporté dans la tombe. Résultat : personne n'est aujourd'hui capable de le reproduire, ce qui fait qu'il est perdu à jamais.
Quant au Rotring, il me semble que ce qui était impressionnant, c'est qu'avec ce trait à épaisseur unique, un peu "ligne claire", plus d'un s'y serait cassé la gueule en devant renoncer à ce qui enrichit ordinairement le trait, à savoir les "matières" ; là, pas de tricherie possible, ça tient debout (enfin, couché) ou pas, et ceux qui ont découvert "Les Sheriffs" dans Tintin n'ont sûrement pas oublié le choc que ça leur a procuré... 😍
Ce qui explique aussi pourquoi il s'en est assez vite lassé : le plaisir de produire un trait modelé et créatif lui manquait. L'ArtPen lui a rendu ce plaisir.
Oui. Et la disparition du Schoeller a en effet été très mal vécue par tous ses utilisateurs.
Je me rappelle en avoir entendu qui disaient avoir du réapprendre à dessiner (encrer, surtout). Ça paraît surprenant, vu de l'extérieur, mais quand bien même ça n'est pas l'outil qui fait l'artisan, on peut comprendre que le priver de son outil habituel soit déstabilisant.
Yves, puisque tu as la gentillesse de passer, peux-tu nous dire sur quel papier et avec quelle technique "Le secret des hommes-chiens" a été réalisé ? Çui-là à Papa ?
Je sais qu'on est un peu hors-sujet ici, mais t'inquiète, je connais (un peu, de loin) le ouaibmaistre, et, sous des dehors extérieurs, à l'intérieur du dedans c'est un brave garçon, il ne nous en voudra pas (en tout cas pas à toi)... 😘
Oui. Et la disparition du Schoeller a en effet été très mal vécue par tous ses utilisateurs.
Je me rappelle en avoir entendu qui disaient avoir du réapprendre à dessiner (encrer, surtout). Ça paraît surprenant, vu de l'extérieur, mais quand bien même ça n'est pas l'outil qui fait l'artisan, on peut comprendre que le priver de son outil habituel soit déstabilisant.
Ca me parait aussi un peu excessif mais sans doute à la hauteur de la déception de voir disparaitre un papier d'une telle qualité. Sa principale qualité, mais il en avait bien d'autres, était de pouvoir le gratter à la lame de rasoir (pour corriger un trait voire davantage) sans l'abimer.
Yves, puisque tu as la gentillesse de passer, peux-tu nous dire sur quel papier et avec quelle technique "Le secret des hommes-chiens" a été réalisé ? Çui-là à Papa ?
Houlà, tu m'en poses une de ces colles ! M'avait-il offert son propre Schoeller ou avais-je acheté un papier de qualité légèrement inférieur pour l'occasion ? Honnêtement, je n'en ai aucune idée...
Si tu croises tes originaux, à l'occasion... Le Schoeller est facile à identifier, le logo de la marque est gaufré, comme tu t'en souviens sans doute.