Infos générales :
> BD no. 1
> La nuit des rapaces
> Collection Repérages
> 44 pages
> Publié en 1979
Editeur :
> Editions Fleurus/Novedi/Dupuis
Scénariste :
> Hermann
Dessinateur :
> Hermann
Résumé :
Après l'attaque meurtrière de Bends Hatch par les hommes de Fat-Eye Birmingham, Jeremiah ne rêve que de venger les siens. Mais sans repère dans un monde qui se reconstruit à peine, il est une proie facile pour les criminels de tout poil. Heureusement, il croise sur sa route un petit gars roublard et roué à tous les mauvais coups qui porte un casque et un plume : Kurdy Malloy. Avec lui, c'est certain, il va pouvoir faire un bout de chemin...
Infos générales :
> Tirage de tête N&B 1x1
> Editions Black&White
> Contient de multiples bonus
> 78 pages
> Publié en 2017
Lien : https://www.editions-blackandwhite.com/produit/jeremiah-1-la-nuit-des-rapaces/
Infos générales :
> BD no. 1 (album test)
> La nuit des rapaces
> Collection La Collection
> 52 pages
> Publié en 2019
Présentation :
Les éditions Hachette lancent leur collection consacrée à la réédition de classiques de la BD. Jeremiah en fait partie, dont les premiers titres sont distribués localement en France dans le cadre d'une phase de test.
Analyse :
Par Patrick Dubuis
Jeremiah, un adolescent candide
Jeremiah, orphelin, a grandi avec son oncle et sa tante dans le fortin de Bends Hatch. C'est une micro-civilisation qui a survécu à « la grande lessive », vivant presque en autarcie. L'éducation qu'il a reçue s'accroche à une lecture rigoureuse, étriquée, de la bible. Jeremiah vit une jeunesse difficile, car d'une part le milieu familial est âpre et d'une autre le monde qui l'entoure est chaotique. Son oncle Lukas le méprise et lui rabâche sempiternellement qu'il n'est qu'un incapable. Afin d'essayer de se faire respecter Jeremiah veut capturer une mule. Il ne rentre pas au fortin, et passe la nuit, sans armes, dans une campagne hostile. Jeremiah rencontre Kurdy, le propriétaire de cette mule qui l'écarte du massacre de Bends Hatch et le sauve.
Jeremiah se retrouve confronté alors à un monde immoral. Comme la communauté agricole est ravagée, Jeremiah ne retrouve plus de repères.
En découvrant la plume du casque de Kurdy dans les ruines, il déduit que celui-ci n'est pas vraiment étranger à ce pillage. Il le retrouve dans une bien mauvaise posture, mais n'ose pas tirer sur les ravisseurs. Kurdy, arrive à abattre les ravisseurs, car il ne fait pas dans la dentelle. Bien que Kurdy soit sous la menace du fusil de Jeremiah il arrive aisément à prendre le dessus. (On voit Jeremiah ligoté).
Jeremiah est perdu, c'est pour cela qu'il suit Kurdy. La naïveté de Jeremiah se distingue bien lorsqu'une prostituée propose du bon temps à Kurdy, Jeremiah pense qu'ils sont en train de marchander les chevaux.
Jeremiah croit en la justice, car lorsqu'il aperçoit la berline de Fat-Eye, il crie à haute voix qu'il faut l'arrêter. Il pense naïvement que justice sera faite. Heureusement il est sauvé par Kurdy
Jeremiah est inconscient car il veut s'attaquer Fat-Eye. Il ne se rend pas compte de ce qu'il fait, il s'obstine à croire qu'il veut faire rendre justice. Il se jette dans le guêpier. Kurdy, étrangement pris de pitié, va le libérer.
Fat-Eye le potentat
Fat-Eye a le profil parfait de l'autocrate mégalomane. On s'aperçoit que dans la région la loi c'est lui. Il exerce sa monarchie grâce à la violence et à la peur. Le peuple est soumis. La racaille est bien payée.
Fat-Eye attache de l'importance à son déguisement. Il semble être un clown sorti d'un film fellinien. Son visage est maquillé. Fat-Eye s'entoure de deux garçons et on devine qu'il entretien avec eux, une relation intime.
Sa puissance est traduite par la grandeur de la tour dans laquelle il vit. On ressent une certaine folie dans la passion démesurée qu'il a pour ses rapaces. Il se soucie plus de leur bien-être que celui de ses hommes. Il incarne ces nombreux dictateurs mégalomanes tels Néron.
L'esclavagisme et la révolte
Fat-Eye vit dans le luxe grâce au fruit de son commerce d'êtres humains. Il s'occupe avec ses hommes à faire des razzias sur des fortins isolés, et il revend les prisonniers aux Indiens. On ressent pleinement les suites de cette guerre raciale, des blancs se font vendre aux rouges. Ici, c'est la traite des blancs ou des noirs.
Le marché d'humain de Fat-Eye avec l'Indien est mis à jour par Kurdy. Il déclenche la révolte des habitants de Langton en faisant rentrer l'Indien et Norton, un homme de Fat-Eye, ligotés dans la ville avec une pancarte provocante. (Nous achetons des esclaves. Fat-Eye les procure. (pl. 25).
La révolte va prendre une ampleur exagérée, les habitants se lèvent contre Fat-Eye à cause de son commerce d'humains. Grâce à l'ingéniosité de Kurdy, la tour où se trouve les hommes de Fat-Eye va capituler. L'arrogante troupe de Fat-Eye, se fait exterminer par les soldats de la nouvelle nation rouge.
Kurdy
La rencontre entre Kurdy est Jeremiah, n'est pas simplement le fruit du hasard : Kurdy est au courant qu'un pillage allait se dérouler au fort de Bends Hatch. Il semble attendre le départ des pilleurs afin de ramasser « les miettes ». Kurdy rencontre Jeremiah et étrangement, il éprouve un peu de sympathie et le sauve en l'assommant afin de l'empêcher de retourner au camp. Kurdy, après avoir récupéré sa mule, va faire son larcin. Probablement, il tue et pille sans mauvaise conscience. Ce personnage s'enrichit avec indifférence de la souffrance des autres en collaborant avec Fat-Eye. Mais lorsque Jeremiah dénonce Fat-Eye, Kurdy prend sa défense et le sauve. Dorénavant il s'est retourné contre son ancien chef.
Avec Jeremiah, ils deviennent deux laissés-pour-compte des bas-fonds américains, des villes sordides, Kurdy et Jeremiah joignent leurs différences : Kurdy un criminel n'hésitant pas à tuer et voler, Jeremiah un adolescent candide et perdu, croyant en un monde parfait et chimérique. Ils seront tels une anguille et un clown. Une aventure où l'amitié jaillit, ingénue, innocente et paradoxale, car rien ne se ressemble entre ces deux êtres.
Le début d'une série…
Hermann va débuter une sorte de quête. Jeremiah va considérablement évoluer, car il traverse une sorte de perpétuel apprentissage. Kurdy va subir également une métamorphose, moins flagrante, mais on lui découvrira un côté humain, notamment dans « Alex » ou « La Ligne rouge » où il connaîtra l'amour.
Jeremiah est une série sans message, bien que ce vide soit un message. Il met à nu l'angoisse humaine, l'absurdité de notre condition, l'horreur des dérives humaines et la niaiserie de l'espérance et de la croyance des hommes. Souvent on voit des fantoches qui croient en un sauveur qui se révèle être un pervers, un satyre voire un pédophile.
Les dialogues entre Kurdy et Jeremiah sont souvent dénués de tous sens, frôlant l'absurde ou la dérision : « Tomate ? - Non : œuf ! - Alors ça va » (Qui est Renard bleu ? pl. 3 c. 3). « Bref. Pour ne pas se disputer, on a pris la Cadillac et on est partis. - Cadillac ? - Ensuite, coup de pot. Tout près d'ici, derrière les sapins, on s'est dégoté un petit resto sympa, au bord de l'eau… (Simon est de retour pl. 6 c. 3-4)
Les aventures ressemblent à des spectacles de plus en plus remplis de situations symboliques ou exagérées. Hermann se sert souvent de marginaux : des clochards, des alcooliques, des infirmes, des tyrans idiots, des obèses, des crétins, des gens au comportement absurde, des personnages masqués et maquillés, des sadiques, des gourous pervers, etc… La dérision passe par une certaine cruauté.
D'après sa description sur canalbd.net, l'album contient « une histoire de Kurdy de 2 pages inédites en album » ; est-elle disponible sur le site, et si pas, peut-on y penser ? 🤩
L'histoire de Kurdy proposée dans l'édition de Black&White, c'est son cauchemar :
Et tu peux la lire sur le site dans la présentation de Jeremiah. 😉
Et donc, elle n'est pas totalement inédite en album, puisqu'il est possible de la lire dans le TT Delta...
C'est nim que tu dois remercier dans ce fil. 😉
Si tu le dis, Jean-Claude. 😛
Tout va bien, j'ai tout suivi, ami Frenchauide! 😉